L'Averti, tome 1 - La naissance d'une dynastie by Unknown

Auteur:Unknown
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: La Grande Marée ltée

Rentré chez lui, Preston s’arrêta d’abord dans la chambre qu’il pensait être celle de son fils. Il s’était fait une telle joie de voir ses jumeaux autrement qu’en photo. Il retrouva aussi Charlotte, endormie de travers, un bras sur le torse de son frère. Il fut à peine étonné de les voir partager le même petit lit. Dans une de ses lettres, Victoria avait parlé de l’attachement instinctif qui liait les deux enfants. À la naissance des jumeaux, elle avait eu la présence d’esprit de coller les deux petits lits pour que jamais ils ne se sentent seuls. Heureusement, car dès que Charlotte avait été en mesure de se tenir debout, elle se hissait par-dessus les barreaux pour aller dormir serrée contre son frère, manège qui se répétait pratiquement tous les soirs.

Les yeux de Preston s’attardèrent inconsciemment sur le garçon : ému, il sourit. Enfin un fils ! J’œuvrerai avec encore plus de détermination, sachant que le fruit de mon travail profitera un jour à Anthony. Preston pouvait déjà l’imaginer travaillant à ses côtés. Remué jusqu’aux larmes, il caressa les cheveux blonds de son fils, puis remonta doucement la couverture sur les épaules de Charlotte. À l’autre bout du monde, de jeunes vies avaient été brutalement interrompues, alors qu’ici, elles ne faisaient que commencer.

Il fit ensuite le tour des autres chambres. Il embrassa sur le front Joséphine, Marie-Ange et Olivia, sans troubler le moins du monde leur sommeil. Arrivé devant ses propres appartements, Preston fit une pause. Il tenta d’éprouver du remords et du repentir pour ce qu’il venait de vivre avec Maude, mais il en fut incapable. Rien ni personne ne pourrait l’amener à se sentir coupable de l’aimer ; pas même sa propre femme. Elle qui pourtant, l’avait patiemment attendu pendant quatre ans, sans jamais se plaindre, gardant le contenu de ses lettres léger afin de ne pas l’inquiéter inutilement. « Quel contraste avec les lettres de Maude, songea-t-il, chargées d’émotions, me suppliant de ne pas prendre de risques inutiles et de revenir aussitôt que ma conscience me le permettrait. »

Preston eut subitement envie de faire demi-tour, mais il se retint au prix d’un effort suprême : son visage se crispa. « C’est mon erreur, se dit-il. J’ai choisi d’épouser Victoria. Et c’est à moi d’en payer les conséquences, non à elle. Certes, je ne peux contrôler ni mon cœur ni ma pensée, mais mes actions, mes gestes, oui. J’ai fait mon choix et je dois l’assumer. Je lui dois au moins ça. »

Preston considéra quelques secondes son jonc en or comme pour y puiser le courage d’avancer. Il était condamné à partager son lit avec une femme d’une beauté peu commune, incroyablement accommodante et, à bien des égards, parfaite, tout en se sachant éperdument amoureux d’une autre.

Lorsqu’il ouvrit la porte de la chambre opulente et de bon gout, il distingua de dos la silhouette de Victoria, ses cheveux blonds étalés sur l’oreiller. Preston éprouva un grand calme intérieur. Mais il n’aurait su dire si c’était celui du vide ou de la paix.

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